La revue trimestrielle du Gsara


Projet

Focus sur l’atelier Cap Migrants

Samuel MarechalOptiques n°4 – été 2024

Dans le cadre de nos activités d’Éducation permanente, la Régionale de Liège a inauguré l’automne dernier un nouvel atelier en partenariat avec l’asbl Cap Migrants, une structure au service de personnes d’origine étrangère séjournant en Belgique dont l’objectif est de renforcer leur autonomie (l’asbl les forme notamment à la langue française et à la citoyenneté pour faciliter leur intégration dans notre pays).

Cet atelier vidéo était destiné à un public mixte et intégré au cours de FLE durant sept mois. Mariia, Olga, Iryna, Tetiana, Denys, Biniam, Semere et d’autres bénéficiaires, se sont ainsi approprié l’outil audiovisuel pour perfectionner de façon ludique l’usage du français à travers le langage de l’image, du son et du montage, l’écriture d’un scénario et la réalisation d’un court-métrage de fiction sur une thématique choisie communément. Ils ont tous été acteur du projet, soit devant soit derrière la caméra. Outre l’écoute et la parole, ce projet leur a permis de développer leur regard, leur esprit critique, leur sens artistique, d’exercer un rôle de citoyen actif dans leur commune et de faciliter une intégration positive. Le fruit de ce processus se veut une réflexion sur la solitude, l’isolement, où chacun trouve à un moment de sa vie « Une place au soleil ».

« Nous sommes étrangères dans ce pays, et maintenant nous avons progressé au cours de français grâce à ce projet de film. Il nous a aidé à comprendre la langue, la culture de ce pays, et pour moi c’est très intéressant parce que je suis artiste, et dans le cadre de ce projet, c’est important parce que j’ai beaucoup cherché d’informations qui expliquaient comment faire, je possédais peu de ces informations, et maintenant j’ai acquis plus d’expérience, en discutant avec des personnes que je ne connaissais pas. Quand tu ne comprends pas bien la langue, tu as peur, et c’est très fatigant. Mais nos formateurs nous ont beaucoup aidé, ils nous ont beaucoup expliqué comment faire, en réexpliquant autant de fois que nécessaire, pour nous faire comprendre que finalement ce n’est pas si difficile, même si cela demande beaucoup de concentration, de réflexion, d’écoute. C’est une bonne expérience, très fatigante, mais c’est plus facile qu’avant. » Mariia

« Pour moi, c’est une première expérience au cinéma, c’est très intéressant parce que c’est une expérience très différente de mon métier principal. Nous travaillons ensemble, entre différentes cultures ici en Belgique. J’ai progressé beaucoup, j’ai appris de nouveaux mots, notamment techniques, parlé avec de nouvelles personnes, appris à écouter. Et j’ai bien aimé ce rôle de caméraman, ces moments techniques. C’était une très bonne expérience. » Denys

« Avant je ne savais pas comment prendre des photos, des vidéos, c’est un peu compliqué pour moi parce qu’il y a des mots difficiles. J’ai appris beaucoup pour faire ce film. Je suis content. » Semere

« Nous avons beaucoup travaillé en atelier, les cours des formateurs étaient très intéressants, nous avons beaucoup travaillé avec caméras et micros. Je ne connaissais pas la photo, maintenant je sais un peu en faire, chercher des plans, c’est très intéressant. C’est beaucoup de travail de faire un film, et je débute dans un rôle d’actrice, c’est très difficile. L’écriture de scénario est un long processus assez complexe. Nous avons appris beaucoup de nouveaux termes aux cours, discuté des rôles, des plans, du scénario, nous avons énormément parlé en français. » Olga

« Pour moi, c’est une très bonne expérience. Je suis très reconnaissante à Samuel. Ce projet m’a aidé à prendre de plus belles photos, et même des vidéos pour ma famille, c’est pour moi une bonne science. Et il est particulièrement agréable que cela se soit déroulé au niveau professionnel, c’est très important pour moi, cet atelier s’est également passé dans la bonne humeur et la bienveillance. Je peux ainsi mieux absorber les informations et apprendre beaucoup de nouveaux mots en français. Je recommande cette expérience à toutes les écoles en Belgique et dans le monde. » Iryna

« Le mot que je retiens, c’est le mot équipe. Quand tu travailles avec des personnes qui aiment ce qu’elles font, c’est très important. Je pense que l’équipe, les personnes qui sont à tes côté, c’est le principal. » Mariia

« J’ai aimé notre travail sur le film, en équipe, avec mes amis, de bons acteurs et actrices, avec des gens professionnels, c’était une très bonne expérience. J’ai aimé apprendre les subtilités du travail au cinéma, même si c’est très difficile. Le film que nous avons réalisé est une comédie écrite avec humour et philosophie, et beaucoup de musique, il est éducatif. Nous avons voulu montrer que dans la vie de chacun la roue tourne. » Iryna

« Quand j’étudie le français sur internet, ce n’est pas bien, quand j’étudie le français en classe avec nos professeurs, c’est mieux. Je ne savais pas que travailler dans le cinéma était si difficile, mais c’est très intéressant et très drôle. Mon rôle dans le film, c’est une femme âgée, très dynamique, elle va se battre pour prendre une place au soleil. J’ai aimé jouer ce rôle parce que ce personnage principal me ressemble. J’ai compris que dans ma vie je pouvais jouer quelque chose. C’est magnifique. » Tetiana

« J’ai progressé en français, parce que nous avons utilisé beaucoup de nouveaux mots, notamment des mots techniques très difficiles, et c’est un apprentissage progressif, dans le temps, expliqué aussi par d’autres personnes à côté de moi. C’est le processus qui fonctionnait, ces quelques mois où nous avons appris de nouvelles informations, c’est ça qui est important pour moi, parce que j’aime étudier, j’aime apprendre, et ce projet a ouvert mon imaginaire, il est resté à mon cœur pour après. » Mariia

« Cet atelier s’est intégré assez bien au reste du cours, c’est un projet qui est venu en plus, en complément, et qui a permis de créer une bonne dynamique dans le groupe. Chacun a pu participer à sa manière et contribuer à la réalisation du film. Ce que j’ai bien aimé dans l’activité, c’est qu’elle mélange aussi bien l’oral que l’écrit. Il y a aussi des activités, on a fait des petits exercices au début, puis le film c’est quand même un long investissement, il faut l’organiser, cela a permis de varier les activités au niveau de l’apprentissage du français. Je constate aussi dans les réponses qui sont données aux questions ici posées une certaine aisance, j’en vois certains qui ont pris confiance en eux, et ça c’est bien. Et puis aussi le fait d’avoir imaginé le projet, d’y avoir réfléchi, de l’avoir écrit, d’avoir tourné partie par partie. Le jour où on verra le film ensemble, je pense que ça va être magnifique. Et après d’en parler, de le porter comme un bébé, le projet n’est pas terminé, pour moi en tous cas ce n’est pas fini. » Sandrine (Animatrice Cap Migrants)

« Je qualifierais pour ma part ce projet d’harmonieux, et je rejoins Robert Musil qui donne sa définition de l’harmonie dans L’homme sans qualités :  « Dans l’art de la vie, il est aussi important que dans les arts plastiques de trouver le centre naturel vers lequel tout doit converger ; le juste rapport hiérarchique des parties ; de définir ses choix et ses exclusions eu égard à celui-ci ; de ne pas poursuivre l’unité aux dépens de la richesse, ni la richesse aux dépens de l’unité. Dans la vie comme dans l’art, il existe des différences de trait, et il n’est pas donné à tout le monde de maîtriser également un dessin élégant et ferme, la richesse de la couleur ou la magie du clair-obscur. Mais chacun peut viser à l’accomplissement de ses possibilités ». » Samuel (Animateur Gsara Liège)

Samuel Marechal

Animateur au GSARA Liège