L’oeil de l’archiviste
Luttes des femmes : Trois émissions, trois décennies, un même constat
L’œil de l’archiviste revient sur les luttes des femmes à travers trois anciennes émissions.
L’histoire des luttes syndicales et ouvrières occupe assez naturellement une place importante au sein des archives du GSARA. On y retrouve notamment toute une série d’émissions réalisées pour la FGTB et diffusées sur la RTBF dans le cadre des émissions concédées.
Trois émissions, trois décennies, un même constat : les discriminations perdurent. Autre point commun, le souvenir de la grève des femmes de la FN Herstal. La grève de la Fabrique Nationale d’armes de Herstal, fut une grève menée en 1966 par les « femmes machines » qui avaient pour principale revendication « à travail égal, salaire égal ». Événement marquant dans notre histoire syndicale et ouvrière, elle reste le symbole de la lutte pour les droits des travailleuses.
Dans « Des femmes qui luttent » (1998), trois femmes discutent de leur combat commun. Plus de trente ans séparent leur activité syndicale et les réalités ont quelque peu changé. La solidarité des travailleuses reste le moteur des luttes syndicales. Mais, s’il y a eu beaucoup d’améliorations apportées à la condition de la femme dans les années 1960 et 1970, la conjoncture économique pousse à nouveau les décideurs, qui sont principalement des hommes, à vouloir renvoyer la femme au foyer.
Tout est dit dans le titre de « L’égalité Femme-Homme, un combat toujours actuel » (2006) . Quarante années ont passé depuis la grève de la FN, certaines choses ont évolué, mais le chemin à parcourir reste encore considérable. Que cela soit au niveau des salaires, des conditions et du temps de travail, de la promotion, de la difficulté de concilier vie de famille et travail, de l’accès aux métiers traditionnellement exercés par des hommes, de nombreuses discriminations perdurent en termes d’égalité entre les femmes et les hommes.
Le reportage « Femmes en colère » (2016) revient à nouveau sur la grève de la FN. Cinquante ans plus tard, Annie Massay, secrétaire au Setca Liège en 1966, se souvient et fait le constat que « le capitalisme a vraiment décidé de mettre à mal cent ans de conquêtes ouvrières ». Alors que les travailleuses de la FN ont été un exemple, les grévistes d’aujourd’hui sont perçus comme des preneurs d’otages, des terroristes.
Bientôt soixante ans que ce coup d’éclat a eu lieu. Le contexte actuel pousse à nouveau certains à vouloir renvoyer les femmes à la maison. Alors, gardons le souvenir de ces femmes-machines. Oublier les luttes du passé ne nous fera que reculer. L’histoire ne doit pas nécessairement être un éternel recommencement.